Michael Douglas, son cancer, le cunnilingus et le papillomavirus

April 30, 2020 0 By HearthstoneYarns

Dans le cadre d’une interview au journal The Guardian, l’acteur américain Michael Douglas a révélé que son cancer de la gorge n’était pas dû à l’alcool ou au tabac mais… au cunnilingus. Cette révélation permet de mettre en lumière certains cancers de la gorge dus au papillomavirus, les mêmes virus à l’origine du cancer du col de l’utérus. Ces tumeurs ont fait l’objet d’une étude présentée dans le cadre du congrès américain sur le cancer Asco 2013.

Michael Douglas aurait déclaré que son cancer de la gorge était lié à la pratique du cunnilingus.

L’annonce du comédien Michael Douglas dans

The Guardian* apparaît fantaisiste, pourtant elle n’est pas infondée. Elle ne doit pas non plus alerter outre-mesure. Concrètement, le papillomavirus est responsable du cancer du col de l’utérus dans 99 % des cas, et sa causalité dans les cancers oropharyngés oscille entre 30 et 60 % (60 % aux Etats-Unis selon le

Center of Disease Control) mais une infection ne conduit que très rarement à un cancer.Le boom des cancers oropharyngés dus à HPVOn sait depuis une

étude datant de 2007 que les personnes ayant eu des rapports bucco-génitaux avec de nombreux partenaires sexuels ont plus de risque de développer un certain type de cancer de la gorge1. Via des rapports sexuels par voie orale, le virus peut atteindre la bouche, la gorge et les amygdales. Sans doute à cause de la démocratisation de ces pratiques, on constate une augmentation du nombre de cas de ces cancers aux Etats-Unis et en Europe du Nord.Mais déjà à l’époque, le principal auteur de l’étude, Maura Gillison se voulait rassurante : “Le public devrait cependant être rassuré car le cancer oropharyngé est relativement rare et la grande majorité des personnes ayant une infection orale par papillomavirus ne développeront pas de cancer“.Une infection le plus souvent banaleAttention en effet à ne pas dramatiser, cette infection n’entraîne pas forcément un cancer (heureusement car la majorité de la population y est exposée au cours de sa vie). Dans la majorité des cas, l’infection est vite éliminée sans aucune conséquence, mais parfois elle peut devenir chronique et conduire à la création de lésions cancéreuses. La cause de ce processus de cancérisation chez certains sujets plutôt que chez d’autres reste en partie mystérieuse. En l’état actuel des connaissances, il n’y a pas lieu de changer vos pratiques sexuelles.En 2009, le congrès américain sur le cancer Asco avait déjà apporté une “bonne nouvelle“ : ces cancers dus aux HPV sont de meilleur pronostic, ils répondent mieux aux traitements (chimiothérapie et radiothérapie) que ceux dus à l’alcool ou au tabac2,3.Pas de risque particulier d’infection orale pour les partenairesCette année, une nouvelle étude4 présentée lors de l’Asco 2013 se veut rassurante pour les partenaires des personnes atteintes de cancer de la gorge dus aux HPV. Selon l’étude présentée par le Dr Gypsyamber D‘Souza de l’Université John’s Hopkins, les conjoints des personnes souffrant d’un cancer de la bouche ou de la gorge associé à une infection par HPV n’ont pas plus d’infections orales par le papillomavirus que la population générale.Les chercheurs ont réalisé des prélèvements buccaux chez 147 hommes et 19 femmes ayant un cancer oropharyngé associé à un HPV et chez 94 conjoints. 65 % des patients présentaient au moins un type de HPV, y compris le HPV16 (54 %). Un an après, seulement 6 % avaient encore de l’ADN du HPV16 détectable. Parmi les partenaires, 6,5 % présentaient un HPV (5 % chez les femmes et une proportion plus importante chez les hommes). Des taux comparables à ceux de la population générale, selon les auteurs. “Ces résultats attestent que la prévalence des infections orales HPV n’est pas plus importante chez les conjoints et que leur risque de cancers oro-pharyngés dus aux HPV reste faible“ déclare le Dr Gypsyamber D‘Souza. Aucun changement de comportements intimes n’est donc à prévoir… Voilà qui devrait rassurer Catherine Zeta-Jones et tous les conjoints de patients traités pour ce type de cancer.Rappelons cependant que le sexe oral peut être un mode de transmission de nombreuses infections sexuellement transmissibles (sida, syphilis, gonorrhées, hépatite B, herpès…). Face à ces risques, le préservatif et des carré de latex sont les meilleurs moyens de protection. Par ailleurs, s’il est démontré que la vaccination HPV permet de se protéger de ces cancers oropharyngés, une discussion autour d’une vaccination plus importante (incluant les hommes) pourrait être initiée. David Bême* Après cette interview au Guardian, un agent de l’acteur a réfuté le fait que Michael Douglas ait déclaré que son cancer est lié à la pratique du cunnilingus. Suite à cette dénégation, le Guardian a décidé de mettre en ligne le transcript et l’enregistrement de l’interview

http://www.guardian.co.uk/film/audio/2013/jun/03/michael-douglas-cancer-cunnilingus-transcript1 – Case–Control Study of Human Papillomavirus and Oropharyngeal Cancer – Gypsyamber D’Souza et al. N Engl J Med 2007; 356:1944-1956 (

étude accessible en ligne)2 – Survival outcomes by tumor human papillomavirus (HPV) status in stage III-IV oropharyngeal cancer (OPC) in RTOG 0129.3 – Oropharyngeal Cancer, Human Papilloma Virus, and Clinical Trials – JCOJanuary 1, 2010 vol. 28 no. 1 1-3 (accessible en ligne)4 – Oral HPV infection in HPV-positive oropharyngeal cancer cases and their spouses. J Clin Oncol 31, 2013 (suppl; abstr CRA6031) (

abstract accessible en ligne)Photo : Gao Jing/NEWSCOM/SIPAClick Here: cheap sydney roosters jersey