Affaire Olivier Duhamel : l'Elysée, « tétanisé », suit le dossier de près
Avant d’être accusé d’inceste par sa belle-fille Camille Kouchner, dans son livre La Familia Grande, Olivier Duhamel fréquentait les hautes sphères du pouvoir et côtoyait Emmanuel Macron. Désormais, l’Élysée surveille de près l’évolution de l’affaire le concernant, a fait savoir Le Monde.
C’est une affaire qui a retenti au plus haut sommet de l’État. Le 7 janvier dernier, Camille Kouchner, la fille de Bernard Kouchner et Évelyne Pisier, a brisé un secret familial devenu trop lourd à porter. Dans un livre intitulé La Familia Grande (Éd. du Seuil), la juriste a accusé son beau-père, le politologue renommé Olivier Duhamel, d’avoir commis des actes incestueux sur son frère jumeau, dans les années 1980, à l’époque où celui-ci n’était encore qu’un adolescent. Depuis les révélations de Camille Kouchner, une enquête pour “viols et agressions sexuelles” a été ouverte par le parquet de Paris. Dans les médias, là où tout a commencé, les langues se sont déliées et l’entourage de la famille Duhamel-Pisier a aidé à dresser le portrait de ce couple pas comme les autres. Depuis que l’affaire a éclaté, l’Élysée la surveille de près, comme l’a rapporté Le Monde ce lundi 25 janvier.
Et pour cause, le célèbre politologue, qui a longtemps été un homme d’influence et de réseaux, a flirté avec les plus hautes sphères du pouvoir. “Les descriptions dans la presse de l’étendue des réseaux d’Olivier Duhamel ont tétanisé aussi bien l’Élysée que l’ancien locataire de Matignon Édouard Philippe”, a souligné le quotidien national. Avant de fêter la victoire d’Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle, à la brasserie La Rotonde, un soir d’avril 2017, il a conseillé l’actuel président de la République, auquel il a distribué “conseils et notes”, selon nos confrères. En parallèle, il a “participé à quelques meetings de campagne”. Olivier Duhamel a également déjeuné avec Brigitte Macron, peu de temps avant que le mari de cette dernière n’accède à l’Élysée.
Olivier Duhamel “consulté” au plus haut sommet de l’État
Selon les informations du Monde, le beau-père de Camille Kouchner aurait en effet été au plus proche du pouvoir. Homme d’influence, il aurait “été consulté sur la première mouture d’un plan de lutte en faveur de la laïcité – le futur projet de loi contre le séparatisme – dans le cadre d’entrevues organisées par l’Institut Montaigne et Laurent Bigorgne”, a fait savoir le quotidien national. Selon Paris Match, le principal intéressé aurait également joué un rôle dans l’affaire Benalla, à l’été 2018, en expliquant au président et à son entourage comment il convenait de gérer cette crise. Bien qu’il ait fait appel à lui à plusieurs reprises, et qu’il lui avait sans doute accordé sa confiance, Emmanuel Macron s’est montré très ferme s’agissant de l’affaire Olivier Duhamel.
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Emmanuel Macron salue “le courage” des victimes
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux ce samedi 23 janvier, le président de la République a réagi au livre La Familia Grande de Camille Kouchner et s’est félicité de la libération de la parole sur les réseaux sociaux, suite à l’apparition du hashtag #MeTooInceste : “Le silence construit par les criminels et les lâchetés successives, enfin, explose. Il explose au courage. Le courage d’une soeur qui n’en pouvait plus de se taire, puis, ces derniers jours, le courage de milliers d’autres témoignant de leur vie brisée, dans le sanctuaire de leur chambre d’enfant, de leurs enfances volées, lors de vacances en famille, ou de moments qui auraient dû être innocents, et ont conduit au pire”, a expliqué le chef de l’État, l’air grave. Et de poursuivre : “Ces témoignages, ces paroles, ces cris, plus personne ne peut les ignorer.“
Éric Dupond-Moretti et Adrien Taquet engagés sur la question
Si le chef de l’État a rappelé que le délai de prescription avait été allongé à 30 ans à compter de la majorité, il a fait savoir que le gouvernement devait désormais “faire plus”. Afin de mieux accompagner les victimes d’inceste, et d’aider à leur reconstruction, Emmanuel Macron a demandé au Garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti et au Secrétaire d’État chargé de l’enfance et des familles Adrien Taquet de “mener une consultation qui devra déboucher rapidement sur des propositions“, a-t-il annoncé sur son compte Twitter.
Récemment invitée au micro de RTL, la Première dame avait estimé que, selon elle, tout devait être fait pour que les victimes trouvent la force de parler : “Il faut absolument que ces actes soient sus et qu’ils ne soient pas tus”, avait-elle affirmé, et d’ajouter : “Le silence, c’est la mort de l’acte.” Le gouvernement, lui, se dit prêt à “tendre la main” aux victimes.
Crédits photos : Mousse/ABACA